Dans mes travaux se pose la question du sens des expériences et des rapports de domination dans les environnements sociaux.
Souvent mes travaux montrent des tentatives désabusées d´échappatoire à un « cadre » de vie et à l´« emploi » du temps, pour créer un moment de «vanité» ironique, pointant du doigt quelques parcelles de non-sens dans un environnement domestiqué, apparemment sous contrôle, mais marqué par une angoisse sécuritaire permanente.
Je prends fréquemment le monde du travail comme décor pour mettre en scène des situations ambivalentes, à la fois dramatiques et dérisoires. Mes travaux sont souvent marqués par la tension entre une violence refoulée –comme un trépignement proche de la folie- et un sens de l´absurde proche par certains aspects du Tati de Playtime.
Par exemple, l´installation Office (2004), présente dans un petit espace clos, un bureau d´usine sur lequel est tamponnée une myriade de dates, un peu comme si un prisonnier, dans un accès de folie, avait définitivement perdu la raison en faisant son calendrier. La vidéo présentée dans le tiroir donne un caractère plus comique en montrant un personnage, assis sur une chaise de bureau, semblant imiter un phare en tournant sur lui même, une lampe dans les mains.
Avec un scepticisme désabusé, mes travaux mettent à distance des éléments du réel, en les confrontant à leur image et en les réduisant à leur propre représentation. Ainsi dans le coin de verdure d´Angenagelt (2008) de véritables plantes, plaquées au mur par des punaises, semblent se désincarner en dessinant une sorte de „fresque“ décorative mais dérisoire.
Nicolas Manenti